Loin d'ici, loin de là.

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Felicité Hewen était de ces femmes que la morale ne désapprouve jamais.
Jeune femme blonde, timide, réservée, levant à peine les yeux sur son interlocuteur et le sourire léger en toute occasion. La robe simple, la mise sans coquetterie mal placée mais avec cette touche de féminité discrète de la jeune fille bien élevée au soupçon de parfum floral à chacun de ses pas.
Félicité était toujours prête à rendre service. Toujours d’humeur sereine et joyeuse. Une femme auprès de qui on trouvait facilement une oreille attentive pour écouter vos malheurs les plus triviaux. Jamais de moquerie, une compassion infinie.
Oui, la jeune femme parfaite à épouser pour qui aimer le genre simple et finalement parfaitement insipide.

La jeune femme c’était intégrée facilement à la petite communauté, travaillant dur pour son salaire, ne rechignant pas aux besognes les plus ennuyeuse. Première levée, dernière couchée, une fille de ferme habituée aux travaux les plus rudes. Ses mains câleuses même en attestaient. Elle ne décourageait aucun homme, ni n’en favorisait aucun, et finalement on l’aimait bien, ce petit bout de femme, alors on ne l’ennuyait pas sans risquer d’avoir les autres villageois sur le dos.

Une charmante fille oui. Peu favorisée par la vie. Que dire de cette ferme brûlée par l’incendie causé par un violent orage qui a emporté ses parents et son jeune frère ? Et quelle courage avait-elle de poursuivre ainsi son existence sans jamais s’en plaindre.

Parfois le soir, on la voyait s’arrêter un moment, le regard triste tourné vers le sud. On pouvait y lire des regrets et une certaine douleur. Vous savez, celle que l’on a quand on laisse tout derrière soi ? Quand on recommence une nouvelle vie avec le deuil de l’ancienne.

Félicité avait accepté d’aller travailler comme domestique dans les murs du château. N’avait-elle pas le sens de l’orientation qu’elle se perdait vite dans les couloirs, avant de revenir effrayée de n’avoir su su trouver son chemin. Mais elle s’habituait, et les erreurs venaient moins souvent. Elle mettait du coeur à son ouvrage, et elle encourageait d’un sourire ses pairs qui trimaient au bon fonctionnement du bâtiment comme elle.

Elle avait eu une demande en mariage, d’un jeune homme plein d’espoir de se trouver une gentille femme pour son foyer, qu’elle avait gentiment refusée. Elle venait aussi parfois aider les plus anciens à leur ménage.
Un joli petit brin de fille, si gentille.

Et les jours s’écoulaient tranquilles, oubliant presque l’ombre de la pierre du château qui surplombait le village.

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Jusqu’au jour où Félicité ne revint pas du château.

Car Félicité...

était Nìamh Kelbourg.