Le Talandra
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Forum de la guilde RP Le Talandra, Navire marchand des mers d'Azeroth, sur le serveur Kirin Tor du MMORPG World of Wacraft.
 
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 Le rêveur

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Lame

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Classe: Druide
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Peuple: Worgen

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MessageSujet: Le rêveur   Le rêveur EmptyJeu 4 Oct - 13:43

La pluie ruisselle sur les feuilles en un doux bruissement. Elle n'est pas comme les pluies de chez lui, souvent intenses et violentes, les gouttes malmenées par le vent s'abattant en rafales glaciales et trempant l'imprudent qui ose sortir à ce moment-là. Cette pluie-là est calme, joyeuse, elle tombe doucement sur la terre qui l'accueille avec joie. Elle exhale les odeurs de terre, de feuille, d'écorce et de racine, de résine et de fleurs, elle apporte avec elle un instant de sérénité fragile où toute la forêt parait alors endormie, ses habitants restant comme lui à écouter son chant.

En arrivant ici il ne connaissait pas ces bois, mais il lui avait suffit de quelques jours pour se familiariser avec pratiquement chaque recoin. Cette forêt-là est relativement calme, harmonieuse, lumineuse et agréable, elle ne terrifie pas le promeneur qui s'éloigne un temps des sentiers, elle offre un refuge sûr pour celui qui savait lire en elle, nul grand prédateur ne revendique ces lieux. L'endroit parfait.

Calme et harmonie. Assis en tailleur au pied d'un orme ayant déjà vu passer bien plus des saisons de ce monde que ce qu'il ne pourra jamais compter, il s'imprégne progressivement des lieux et des sensations, laissant les quelques gouttes de pluie qui parvenaient à traverser le feuillage de son protecteur tomber sur ses épaules et ruisseler sur son torse et ses bras atténuant le tracé des symboles rituels peints sur sa peau. Posé devant lui, pour l'instant à l'abri sous un morceau de cuir, une sorte de tambour plat à la peau décorée de symboles attend patiemment son tour. A sa droite, contre le tronc est appuyé le reste de ses affaires, à savoir la plupart de ses vêtements (il n'avait gardé qu'un pantalon de cuir et ses précieuses amulettes) et la sacoche contenant herbes et onguents qui ne le quitte presque jamais.

Il reste un moment ainsi, immobile sous son arbre, yeux fermés, à prendre la pluie. Son esprit et son corps se calment, se recentrent, puis se tendent tranquillement vers son objectif. Il est prêt. Il ouvre les yeux, dégage le tambour plat de son abri et attrape le bâtonnet qui l'accompagne. Prononçant lentement quelques mots dans la langue oubliée de ses ancêtres, celle dont aujourd'hui seuls les druides se souviennent, il referme les yeux puis se met à frapper l'instrument sur un rythme lent, comme les battements d'un coeur. Doucement, d'antiques paroles s'échappent de ses lèvres, presque murmurées, tandis qu'il déroule le rituel.

C'était la première fois qu'il l'éxécutait depuis longtemps, et une partie des jours précédents avait servi a étouffer les craintes qui remuaient au fond de son âme. Il l'avait compris récemment, c'était à lui de le faire s'il voulait un jour comprendre, c'était à lui de prendre le risque de partir sans guide.

De partir. Son corps continue machinalement le mouvement, frappe en cadence le tambour plat, sa voix s'est réduite à un murmure, mais son esprit est déjà loin, il se sent transporté comme dans un rêve. Pendant un instant qui dure mille ans, il reste suspendu dans un tourbillon d'odeurs et de bruits... puis tout se calme. Ses sens lui envoient des informations sur un lieu où il n'est pas vraiment, il ouvre les yeux sur un autre paysage, à la fois semblable et fondamentalement différent de celui qu'il vient de quitter.

Ici, il n'y a pas de tambour plat, ni de pluie qui ruisselle sur sa peau. Il se relève et regarde autour de lui. Il ne risque rien, mais ce n'est pas dans ce lieu de passage, trop proche de son monde, qu'il trouvera ce qu'il cherche. Il se dirige alors vers une trouée en face de lui et se met à suivre le sentier naturel. Les abres qui l'entourent sont comme ceux qui l'entourent là où est son corps, il perçoit les mêmes odeurs, pourtant le fourmillement de vie habituel qu'il perçoit dans chaque forêt est absent, ou plutôt... Déformé. Nul oiseau ne fait retentir son chant ici, nul cervidé ne laisse la trace de son passage, nul lapin ne détale dans les buissons. Ses sens sont plutôt mis à vif par d'autres présences, infiniment plus anciennes et puissantes, sages et incompréhensibles, lointaines encore... mais pourtant déjà si proches.

La trouée se resserre et la végétation se fait plus dense, plus enchevêtrée, comme à chaque fois. Il fait progressivement plus sombre, les rayons de la source de lumière à jamais invisible qui éclaire les lieux peinent à percer l'épais feuillage se refermant au-dessus de sa tête. Il est souvent obligé de se baisser pour éviter d'épaisses branches, de contourner des arbustes épineux, de traverser prudemment des harbes hautes parsemées de ronces. Plus il avance, et plus la végétation se met à lutter contre lui, comme refusant qu'il aille plus loin. Comme à chaque fois. Il peine, avance encore, finit par déboucher couvert d'égratignures dans une étroite clarière. Le ciel au-dessus de lui s'est entretemps paré de pourpre et de rouge et affiche un crépuscule éternel. Derrière lui, le chemin qu'il a emprunté, si accueillant à présent en comparaison. Autour de lui, des bois plus inhospitaliers encore, des arbres millénaires tordant leurs branches jusqu'au sol, d'épais buissons d'épineux se mêlant entre leurs troncs. Les présences se font davantage sentir encore, il se sent guetté, observé par autant d'yeux invisibles et méfiants.

Il sait ce qu'on attend de lui. Une pointe d'appréhension et de dégoût lui étreignent le coeur, mais il les écarte rapidement et se concentre. Il cherche en lui, comme lorsqu'il apelle l'esprit du Félin et fait siens les attribut de l'Esprit... sauf que cette fois-ci, ce n'est pas le Félin qu'il cherche. il puise plus profondément encore, en un endroit à la fois si facile d'accès et si profondément enfoui dans son âme qu'il en reste un moment étourdi, puis il apelle l'Autre.

L'Autre répond vite. Très vite. Il en reste surpris un instant, puis se souvient ensuite que malgré tout lui fait partie de son être à la différence du Félin. Le changement s'opère en un clin d'oeil, son organisme entier vibre, bouge, se réorganise, grandit. Il ouvre les yeux. Les bois lui paraissent plus clairs, mais peut-être est-ce parce qu'il a besoin de peu de lumière pour y voir. Le faible vent lui apporte une multitude d'odeurs et de bruits, ses yeux trouvent d'instinct des passages là où un instant plus tôt encore, il ne voyait que barrières de ronces et de branches. Il s'élance, la terre élastique rebondissant sous ses pattes, ses griffes enfonçant profondément le sol pour assurer sa stabilité tandis qu'il file, se glissant sous les braches avec habileté, laissant progressivement l'ivresse de la course le gagner.

Le sol monte progressivent mais la pente ne le ralentit pas pour autant, il avale les kilomètres à la même allure. La végétation diminue autour de lui, les arbres jeunes prenant le pas sur leurs ancêtres géants, les arbustes et buissons remplacés par des herbes hautes. Arrivé au sommet de l'élévation, il ralentit puis s'arrête. Son coeur bat à toute allure, son souffle siffle entre ses crocs mais il ne se sent pas fatigué. Au contraire il déborde d'une énergie impressionnante, presque irréelle, un flux puissant qui le pousse à courir encore, à voyager, à chasser. Il se redresse et examine les lieux avant de s'approcher d'une curieuse pierre plate posée au sommet de la colline, légèrement inclinée. Une lueur bleutée aperçue du coin de l'oeil lui fait tourner la tête, mais il n'aperçoit rien. Il n'est pas inquiet pour autant. Les légendes de son peuple parlent de ces petites créatures du monde invisible, ces faeries qui parfois font le voyage jusque dans les royaumes des hommes. Il sait que nombre de ces histoires ont été ramenées et forgées par les siens, les druides qui avaient accès en rêve à ce lieu si particulier bien avant que les kaldorei ne viennent avec leurs connaissances.

Il examine un moment la pierre, pensif. Contrairement à ce qu'il attendait et redoutait, son esprit demeure calme, nulle trace de fureur, de folie meurtrière, il est en accord avec l'Autre. Peut-être sont-ce les effets du lieu, ou le fait qu'il soit absolument seul. Il n'en sait rien, la seule évidence à ses yeux est que tant qu'il ne sera pas sûr de ce que l'Autre est à présent, il ne le laissera pas sortir dans son monde à lui. Un brusque appel lui étreint alors le coeur, alors qu'il lui semble que rien n'a résonné à ses oreilles. Il se redresse, hume l'air. Quelque chose, devant. Loin. Retombant sur ses pattes, il reprend alors sa course.

Pendant un instant d'éternité, il court. Il chasse, attrape sa proie à demi-immatérielle et y plonge les crocs, court encore. Il croise brièvement d'autres esprits, d'autres loups, d'autres présences, sans pour autant s'en inquiéter. Il est en harmonie avec le lieu. Il court. Le temps devient un concept lointain sous ce ciel de crépuscule infini. La terre défile sous ses pattes, les paysages passent devant ses yeux, tous différents et tous familiers, gardant une ressemblance troublante avec la forêt sombre et immémoriale qu'il a traversée pour venir. Il se souvient des mots d'Eonath, de ce qu'il avait dit sur ce lieu. Les rêves des elfes ne sont pas fait pour les gilnéens, à eux leur conviennent davantage des lieux plus sauvages, sombres et tortueux, mystérieux et difficiles d'atteinte mais recélant des beautés cachées, à l'image du coeur et des peurs des hommes et du courage qu'il leur faut pour les surmonter. Il songe alors un instant que peut-être ce monde révèle-t-il une vision et des paysages différent à chaque rêveur, mais cette pensée s'envole bien vite, et il court.

Un éclat de lumière jouant entre les arbres attire son regard et il se dirige vers lui. Il arrive au bord d'une rivière serpentant paresseusement dans son lit, plonge le nez dedans pour boire. C'est alors qu'un tiraillement impérieux se fait sentir, que quelque chose remue au fond de lui. Quelque chose qui apelle. Un craquement de branches le fait se retourner à temps pour apercevoir la silhouette d'un loup blanc gigantesque fondre sur lui...Et tout devient noir.

La pluie a cessé, mais le tambour résonne toujours au pied de l'orme centenaire. Il l'entend, il s'accroche à son battement, se laisse guider et ouvre les yeux. Ses muscles sont tétanisés d'être restés si longtemps dans cette position, sa gorge est sèche, son dos est en feu. Il repose le tambour, ouvrant ses doigts avec difficulté, et se laisse tomber sur le dos avec un grognement, cherchant son sac à l'aveuglette. Il en tire une outre et s'empresse de boire. Son estomac gronde. Il était temps qu'il revienne, même si ses interrogations demeurent encore presques intactes. Car s'il arrivait à faire la paix avec l'Autre là-bas... Arriverait-il à faire la paix avec lui-même ici ?

Il se débarbouille des restes de peinture avec le fond d'eau de sa gourde puis passe sa chemise et sa tunique. Un instant, il maudit l'Autre, celui qui en arrivant a tout déséquilibré, tout gâché, puis il se reprend. Penser ainsi ne servirait à rien. Attrapant son sac, il repart lentement vers la ville, s'efforcant de mettre ses questions de coté pour un temps.
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